Discours de La fierté Trans du 9 Août à Montréal

Mon point de départ, c’est que je suis tanné.e de ne pas faire partie du monde.

Comme quand on dit : «Mesdames et Messieurs» comme si ça voulait dire «tout le monde».
Comme quand on me présente un formulaire où je dois choisir entre être un homme ou une femme.

Pis là moi je dis : Qu’est-ce c’est ça?
Ben là scuze, mais j’ai le même formulaire pour tout le monde.

Comme j’ai dit : chuis écoeuré.e de pas faire partie de c’est qui ça, «tout le monde».
Écoeuré.e d’avoir besoin de demander des exceptions.

Tanné.e d’être écoeuré.e d’être tanné.e d’avoir à argumenter pour mon droit d’exister.

Parce que, en fin de compte, c’est une grosse perte de temps.
– Mais là je parle pour moi, là –

Au pire si j’ai pas le bon nom sur mes pièces d’identités.
Au pire si je me fais mégenrer tous les jours.

Mais j’aimerais ça en hostie avoir la même espérance de vie que ces Canadiens qui vivent dans «le plus meilleur pays au monde».
J’aimerais ça en hostie avoir la même chance que les autres de décrocher un emploi.
J’aimerais ça avoir la chance de pouvoir prendre des risques pis me partir en business ou me lancer en politique sans risquer la disgrâce juste parce que ça arrive que je porte une robe.

Je veux juste vivre dans le même monde que les personnes cis.
Un monde avec des soins de santés accessibles, un monde où ce que tout le monde reconnaît que j’existe. Un monde où j’ai des chances raisonnables d’avoir une job pis de faire de l’argent.

Moi, je suis ici, pis je marche, parce que je veux faire partie du monde.

Je veux que quand les gens disent : «tout le monde». Ben je veux aussi qu’on parle de nous.

Pis me semble que c’est pas trop demander.